Île de Saint-Louis Fondée par les colons français au XVIIe siècle, Saint-Louis s’urbanisa au milieu du XIXe siècle. Elle fut la capitale du Sénégal de 1872 à 1957 et joua un rôle culturel et économique prépondérant dans l’ensemble de l’Afrique occidentale. La situation de la ville sur une île à l’embouchure du fleuve Sénégal, son plan urbain régulier, son système de quais et son architecture coloniale caractéristique confèrent à Saint-Louis sa qualité particulière et son identité.
L’Île de Saint-Louis, porte océane de l’Afrique occidentale, constitue un paysage unique. En effet, cette minuscule bande de terre, aujourd’hui insérée entre les deux bras de l’embouchure du fleuve Sénégal, jouit d’un environnement exceptionnel, mariage subtil entre un paysage terrien et fluvial. Premier comptoir français sur la côte atlantique de l’Afrique en 1659, l’Île de Saint-Louis fut une plaque tournante pour les négociants européens remontant le fleuve à longueur d’année à la recherche d’esclaves, mais aussi de gomme arabique, d’or, de peaux et autres produits. La petite cité océane sera la capitale politique de la colonie et de l’Afrique occidentale française (AOF) jusqu’en 1902, et capitale du Sénégal et de la Mauritanie jusqu’en 1957, avant de tomber en déclin du fait du transfert de la capitale à Dakar. La Ville historique de Saint-Louis exerça une influence prépondérante sur les régions d’Afrique sous domination française, et même plus loin, en termes d’architecture mais aussi en ce qui concerne l’éducation, la culture, l’artisanat et les services. Elle fut, à ce titre, le premier laboratoire de cette nouvelle société différentielle faite de métissages et d’hybridations et qui sera un creuset d’élaboration et de diffusion d’une synthèse culturelle et d’un éveil à la citoyenneté pour toute l’AOF, contribuant ainsi à la naissance d’un nouvel humanisme.
Le bien désigné couvre l’ensemble de la superficie de l’île de Saint-Louis, berges et quais compris, ainsi que le pont Faidherbe. L’île s’articule en trois parties : le quartier Nord, le quartier Sud et la place Faidherbe avec le Palais de la Gouvernance au centre. L’île est enfermée dans un système de quais qui servent de référence à toutes les rues sur l’axe est-ouest. Par son style militaire de type fortin, l’hôtel du gouvernement (construit sur l’ancien fort de la cité) constitue le centre orthogonal d’un plan urbain parfaitement régulier. Les magnifiques « maisons à balcon », les « maisons à galerie » des belles Signares ainsi que les rares « maisons basses portugaises » confèrent à la vieille ville sa qualité esthétique et son identité. Le majestueux Pont Faidherbe, dont les travées ont été importées de France en pièces détachées en 1897, n’a nullement modifié la trame urbaine. Grâce à son plan régulier, son système de quais et son architecture de grande qualité, l’Île de Saint-Louis constitue un exemple remarquable de ville coloniale dont l’unité stylistique et l’homogénéité urbaine repose sur des typologies et des principes de planification urbaine hérités de l’administration coloniale.
Le fait que le bien désigné englobe l’île entière, y compris les plages, les quais et le pont Faidherbe, en assure l’intégrité conceptuelle. L’extension de la zone tampon de 2007 est venue apporter une protection additionnelle au bien insulaire.
Une application rigoureuse du plan directeur du développement de la ville devrait permettre, à terme, de contrôler les effets négatifs de la pression urbaine qui se fait sentir dans la zone située au-delà de la zone tampon En outre, les menaces à l’intégrité du bien causées par l’aménagement des barrages en amont du Fleuve, combiné aux inondations des dernières années, ont été contrées grâce à la percée du canal de délestage. Cet ensemble de mesures appuyées par des initiatives hardies in situ ont permis de préserver l’intégrité de l’île historique de Saint-Louis.
Authenticité
Le visage actuel de Saint-Louis porte la marque de la vision du Gouverneur Faidherbe qui, plus que quiconque, lui imprima sa trame urbaine orthogonale qu’aucun aménagement urbain ultérieur n’est venu remettre en cause – pas même l’édification du majestueux pont Faidherbe inauguré le 19 octobre 1897 par André Lebon et devenu emblème de la ville. Cette continuité remarquable a permis à l’île de Saint-Louis de préserver son authenticité en étroite corrélation avec un bâti urbain qui, s’il a subi des mutations parfois importantes, est entré dans une phase de stabilisation depuis la promulgation du décret portant sur la mise en œuvre du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur de Saint-Louis, en 2008. Les importants chantiers écoles qui ont formé plus de 200 artisans dans les différents métiers de la restauration sont venus renforcer cette dynamique en revalorisant le savoir faire traditionnel, l’utilisation des matériaux originels et la diffusion des bonnes pratiques.
Eléments requis en matière de protection et de gestion
Saint- Louis a toujours bénéficié de mesures de sauvegarde particulières qui ont contribué à une bonne gestion du site. En effet, dès 1928, la ville fut dotée d’un plan directeur d’urbanisme. Plusieurs autres plans ont suivi jusqu’à la réalisation, en 2006, du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur de Saint-Louis grâce à l’appui de l’UNESCO. Plusieurs textes de loi sont venus renforcer ce dispositif, en particulier : la loi 71-12 du 25 janvier 1971 pour la protection des sites et des monuments historiques et son décret 73.746 de 1973 portant application de la Loi 71-12 du 25 janvier 1971 ; l’arrêté n° 012 771 du 17 novembre 1975 portant publication des sites et Monuments historiques classés et le décret n° 2008-694 du 30 juin 2008, portant application du Plan de sauvegarde et de mise en valeur de Saint-Louis.
Il faut aussi souligner l’existence d’un système de gestion fonctionnel qui repose sur les actions concertées des diverses parties prenantes. L’ARCAS (Association pour la restauration et la conservation de l’architecture saint-louisienne), le Syndicat d’initiative du tourisme, la section ICOMOS de St-Louis et les associations de quartiers sont tous engagés dans des activités de sensibilisation, d’alerte et de pression pour appuyer l’action de l’État et de la Mairie. À leur actif, on peut noter, entre autres, la réalisation d’une signalétique adaptée, la production de plaquettes d’information sur les bonnes et les mauvaises pratiques, l’organisation d’activités culturelles (théâtre, carnaval, etc.). Cette extraordinaire mobilisation des associations qui se battent au quotidien pour la sauvegarde de Saint-Louis sera bientôt encadrée par le Comité de Sauvegarde de Saint-Louis qui sera animé par le gestionnaire déjà désigné.